Technicienne agronomie dans une coopérative agricole, Léna Mansard n’avait pas planifié de se lancer dans l’arboriculture fruitière. C’est à une heureuse coïncidence qu’elle doit cette diversification professionnelle amorcée en 2018. L’étang de pêche que son mari et elle décidèrent d’acquérir alors à Heudicourt-sous-les-Côtes (55) pour le seul plaisir d’y passer des bons moments en famille était accessoirement entouré de mirabelliers. Que faire de ce verger de 3,5 ha situé dans l’aire géographique de l’IGP ? Inspirée peut-être par le souvenir des cueillettes de son enfance au mois d’août chez ses grands-parents, la réponse s’est imposée à elle : l’exploiter pour son compte. 

Un marathon

Se familiariser avec cette culture et ce fruit compliqué qui ne se conserve pas, investir dans du matériel et organiser la récolte, sous-traiter la transformation en attendant d’être équipée pour le faire, vendre sur les marchés en poussant jusqu’en Moselle parce que les marchés locaux sont saturés, participer à des salons le week-end dans toute la France : partagé entre son nouveau métier, son activité à la coopérative et une vie de maman très prenante (trois filles dont une juste née), son quotidien a vite tourné au marathon. Pas satisfaisant à ses yeux. Pour porter son projet professionnel à maturité tout en redonnant du temps à sa famille, Léna Mansard a résolu deux ans plus tard de quitter son emploi salarié et de se consacrer à la mirabelle. Une perspective qui n’était économiquement envisageable qu’à la condition de multiplier par deux sa surface de verger. Pas si simple…

Préserver les vergers

À la même époque, la Safer Grand Est a convaincu le propriétaire d’une parcelle de mirabelliers d’un seul tenant (3,19 ha), sur cette même commune d’Heudicourt-sous-les-Côtes, de la remettre sur le marché en trouvant un accord à l’amiable sur l’estimation du bien. Publicité faite, quatre dossiers de candidature ont été reçus. Le comité technique a donné un avis favorable à celui de Léna Mansard, considérant que ce complément de foncier allait lui permettre de s’installer à titre principal et de développer la production et la vente directe de mirabelles, en appliquant une démarche d’agriculture raisonnée. « C’était une candidate très motivée qui remplissait bien les critères, relève Philippe Jacquot, le conseiller foncier qui accompagné la transaction. Qui plus est, cette nouvelle parcelle qui est à moins de 200 m de la sienne lui offrait une proximité de travail intéressante. Le propriétaire a apprécié que sa parcelle perdure avec une personne capable qui va savoir en prendre soin. Trouver des jeunes qui sont prêts à faire de l’arboriculture pour préserver les vergers n’est pas évident. En favorisant cette opération, nous avons rempli notre mission. »

Qualité de vie

Avec son mari Mathieu, agriculteur à Xammes (54) où il a aussi planté des arbres fruitiers, Léna Mansard a créé la ferme des Prun’Elles (« Prun » pour le fruit cultivé, « Elles » évoquant ses trois filles), nom sous lequel elle commercialise les produits issus de l’exploitation (jus de fruit, confitures, fruits au sirop, eau de vie, chutney, compotes…) dans son magasin sur place, sur quelques marchés et sur la plateforme pourdebon. « Mon verger de mirabelliers est certifié HVE3. Même s’il n’est pas encore au niveau, j’arrive maintenant à sortir un salaire de la structure. Et je peux voir grandir mes filles ! »